Montréal, 17 novembre 2017 – Rassemblés autour du slogan 225 minutes pour 225 millions, les organismes communautaires du domaine de la santé et des services sociaux manifestent aux quatre coins du Québec. Les maisons d’aide et d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale sont solidaires de ce mouvement.
Au milieu des années 2000, une hausse substantielle de leur financement leur a enfin permis de mieux répondre aux besoins des femmes victimes de violence conjugale et de leurs enfants. Elles savent la différence que cela peut faire, pour la population qu’elles desservent et pour leurs travailleuses, d’avoir les moyens de réaliser leur mission. C’est pourquoi elles sont solidaires des autres organismes communautaires qui le réclament. De plus, les intervenantes auprès des femmes violentées sont inquiètes. Inquiètes que les femmes qu’elles aident à échapper à la violence ne trouvent pas le soutien nécessaire une fois qu’elles auront quitté leur conjoint violent. Plusieurs d’entre elles vivront dans la pauvreté. Auront-elles accès à des cuisines collectives, à des banques alimentaires pour arriver à nourrir correctement leurs enfants? Lorsque la tâche semblera trop lourde pour ces cheffes de famille monoparentale et que le besoin d’échanger avec d’autres parents, ou d’avoir quelque répit se fera sentir, auront-elles accès à des organismes famille? Leurs adolescents pourront-ils fréquenter une maison de jeunes pour développer leur estime d’eux-mêmes, s’épanouir et devenir des citoyens responsables? Et si ces femmes n’ont pas accès à ces ressources, si elles restent isolées socialement, sombreront-elles dans la dépression? Ou décideront-elles de retourner avec leur conjoint violent? Et c’est sans compter les autres mesures d’austérité qui les frapperont de plein fouet : hausse des factures d’électricité, coupures dans les budgets des écoles, dans les programmes de prévention, diminution des emplois de qualité occupés par des femmes, etc. Quand on arrive à peine à sortir la tête de l’eau, c’est le cas de bien des femmes qui fuient une relation violente, on n’a pas les moyens de se serrer davantage la ceinture.
C’est pourquoi le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale se fait leur porte-voix et dit : « Je tiens à ma communauté, je soutiens le communautaire ». Les 225 millions revendiqués par les organismes communautaires en santé et en services sociaux permettront d’offrir une société plus juste à celles et ceux qui n’ont tout simplement pas les moyens de subir des mesures d’austérité. Allouer ces 225M$, c’est s’assurer que notre travail auprès des femmes victimes de violence conjugale, que leur reprise de pouvoir, ne sera pas anéanti par l’isolement, le découragement et la misère.