Communiqué de presse
Pour diffusion immédiate
Montréal, le 25 mai 2020 – Le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale salue les recommandations de la coroner Stéphanie Gamache qui a examiné les circonstances entourant le décès de Daphné Huard-Boudreault, qui avait bouleversé le Québec en 2017. « La coroner a ciblé l’importance de la formation des policie.r.e.s et l’application du Guide de pratique policière du ministère de la Sécurité publique, cela va dans le même sens que les recommandations que nous avons déjà adressées au ministère », explique Chantal Arseneault, présidente du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale.
Rendre la formation continue des policier.e.s obligatoire
La problématique de la violence conjugale est complexe et même les victimes n’arrivent pas toujours à anticiper le danger qui peut les guetter. Offrir aux policier.e.s une formation pour mieux détecter les signes avant-coureurs d’homicides conjugaux et savoir comment soutenir et sensibiliser les victimes est essentiel. La formation devrait inclure un volet sur les ressources. Les maisons d’aide et d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale sont ouvertes 24 h par jour, elles peuvent soutenir les policiers dans ce travail que ce soit par des conseils ou par une intervention directe auprès des victimes. Certes, à l’École nationale de police du Québec, les policier.e.s sont préparés à intervenir face à ces situations, mais dans la pratique, elles et ils sont souvent confrontés à des zones grises. Le Regroupement croit qu’il faut élargir la recommandation à tous les services de police. En effet, au Québec, la requalification des policier.e.s en cette matière relève des choix de chaque service de police. « Depuis de nombreuses années, nous disons qu’il est souhaitable que la formation continue en matière de violence conjugale soit obligatoire, comme c’est le cas pour les alcootests, le maniement d’armes, etc. Après tout, la violence conjugale constitue 30 % des crimes contre la personne rapportés au Québec », souligne Madame Arseneault.
Assurer les meilleures pratiques
La coroner recommande aussi que le prochain mandat d’inspection du ministère de la Sécurité publique porte sur l’application du Guide de pratique policière en matière de violence conjugale. Rappelons que ce guide comme son nom l’indique n’est pas directif. « À défaut d’obliger les services de police à appliquer à la lettre le Guide des pratiques, l’inspection constitue un bon moyen pour vérifier la pratique sur le terrain et l’améliorer. Elle devrait également porter sur l’utilisation de l’aide-mémoire Prévenir l’homicide de la conjointe qui en fait partie intégrante depuis 2013 », ajoute madame Arseneault.
En ce qui concerne la recommandation d’évaluer la pertinence d’ajouter à ce guide une section concernant les situations où une victime se présente au poste de police pour s’informer de ses droits et obtenir des conseils, le Regroupement, qui le revendique depuis de nombreuses années, espère qu’elle sera entendue par la ministre Geneviève Guilbault, titulaire de la Sécurité publique. Suite à la mort de Martine Giguère, à Rimouski en 2012, le Regroupement a constaté qu’un certain nombre de femmes étaient décédées peu après avoir fait appel aux services policiers, sans avoir reçu le soutien et les conseils nécessaires. « Les intervenantes des maisons membres ont maintes fois remarqué que si les procédures prévues dans le guide (vérification des antécédents, présence d’armes, interventions passées à la même adresse) sont généralement appliquées lorsque les patrouilleur.e.s répondent à un appel 911, ce n’est pas nécessairement le cas lorsqu’une victime de présente au poste. Aussi, on omet souvent de prendre en compte des éléments de domination qui peuvent être des facteurs de risque », souligne la présidente.
Une campagne de sensibilisation
Enfin, la coroner recommande à juste titre une campagne de sensibilisation sur les rapports égalitaires. Il serait important qu’une telle campagne porte sur les signes de contrôle qui ne sont pas toujours perçus comme de la violence par les femmes et par les proches. « Il ne suffit pas de parler de rapports égalitaires et de communication, mais il faut nommer ce qui n’est pas un rapport égalitaire et sain: par exemple la jalousie, l’isolement de la victime de ses proches » insiste madame Arseneault.
De par sa mission d’éducation, de sensibilisation et d’action, le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale contribue à faire évoluer les lois et les politiques afin de rendre plus adéquates les mesures de protection pour les femmes et les enfants victimes de violence conjugale. Dans une perspective de prévention, il déploie un éventail de stratégies pour aider tous les acteurs de la société québécoise à mieux comprendre, dépister et agir en matière de violence conjugale.
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Information :
Mathilde Trou, coresponsable des dossiers politiques, chargée des communications
Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale
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Source
Chantal Arseneault, présidente
Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale
Maisons-femmes.qc.ca/
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