Montréal, le 7 avril 2017 – Le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale presse la ministre de la Justice, Madame Stéphanie Vallée, de tout mettre en œuvre pour éviter que d’autres meurtriers ou auteurs de violence envers les femmes soient libérés des accusations qui pèsent contre eux, comme cela a été le cas du meurtrier libéré hier en vertu de l’arrêt Jordan. « Nous nous rappelons de la mort d’Anuja Baskaran, en 2012. Face à de tels drames, le seul espoir est que la justice joue son rôle. Mais la libération de ce conjoint violent, de surcroit récidiviste, nous place devant un triste constat d’échec », souligne la présidente du Regroupement, madame Sylvie Langlais.

La confiance des femmes dans le système de justice

Le Regroupement s’inquiète de l’effet de cette libération sur les femmes victimes de violence. Les crimes contre les femmes sont sous-dénoncés. Pour la violence sexuelle, on estime que seulement 5 % des agressions sont rapportées à la police. Pour les infractions commises en violence conjugale, le taux de dénonciation varie entre 20 et 30 %. « Des décisions comme celle rendue hier risquent d’amener les femmes à se dire que ça ne vaut pas la peine d’aller à la police, de déballer leur intimité, alors que leur agresseur pourrait s’en tirer sans aucune conséquence », indique Madame Langlais.

Mettre fin au sous-financement du système de justice

En octobre dernier, lors de la sortie de la stratégie gouvernementale en matière de violences sexuelles, le Regroupement s’inquiétait déjà de la pauvreté du système de justice, notamment du nombre insuffisant de procureurs pour accompagner les victimes et des délais de traitement des causes par les tribunaux. « Nous l’avons souligné lors du meurtre de Daphné Boudreault, il ne suffit pas que le gouvernement élabore des plans d’action pour contrer la violence envers les femmes, il doit les accompagner de ressources financières suffisantes et s’assurer qu’ils soient mis en œuvre », rappelle Madame Langlais.

Le Regroupement presse la ministre Vallée et le Directeur des poursuites criminelles et pénales de s’assurer qu’aucune cause liée à la violence conjugale ou à d’autres types de violence envers les femmes ne sera abandonnée ou traitée avec moins de sévérité. « S’il est nécessaire d’invoquer la clause nonobstant, le temps de traiter ces dossiers et d’injecter les budgets nécessaires pour que le système de justice fonctionne adéquatement, nous demandons à la ministre de la Justice de le faire. La vie des femmes vaut bien cela », ajoute Sylvie Langlais.

Le Regroupement

Le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale regroupe 42 maisons d’aide et d’hébergement réparties sur le territoire québécois. Par sa mission d’éducation, de sensibilisation et d’action, il contribue à faire évoluer les lois et les politiques afin de rendre plus adéquates les mesures de protection pour les femmes et enfants victimes de violence conjugale.

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Arrêt Jordan : La ministre Vallée doit agir pour préserver la confiance des femmes violentées


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