Montréal, le 9 février 2022 – À l’approche du budget 2022-2023, le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale réclame un dernier effort financier pour maintenir à flot le réseau de maisons d’aide et d’hébergement, largement éprouvé par deux ans de pandémie et confronté à des besoins plus criants que jamais.
« En avril 2021, nous nous réjouissions d’amorcer notre collaboration avec le gouvernement pour poursuivre l’évaluation des besoins non comblés malgré les sommes supplémentaires allouées. Nous y avons vu la promesse d’un gouvernement prêt à dégager les ressources nécessaires pour permettre aux maisons de répondre aux besoins des femmes et des enfants victimes de violence conjugale. » souligne Chantal Arseneault, présidente du Regroupement.
Considérant que les recommandations à cet effet ne sont pas encore connues, et face à l’urgence de la situation, notre Regroupement a estimé les ressources nécessaires en vue du prochain budget : un rehaussement de 27M$ pour la consolidation du réseau, et un ajout de 8,5M$ pour la création minimale de 6 nouvelles maisons pour femmes victimes de violence conjugale. Si les investissements importants consentis par le gouvernement du Québec en 2020 et en 2021 ont permis de consolider le réseau et de faire du rattrapage dans les conditions de travail, il reste une dernière marche à monter pour sécuriser durablement le travail essentiel des maisons en matière de protection des victimes et en matière de sensibilisation. C’est le message que le Regroupement a livré hier dans le cadre des consultations prébudgétaires.
Ne ménager aucun effort pour la sécurité des femmes et des enfants
Les 17 féminicides et les 2 infanticides commis en contexte conjugal, pour la seule année 2021, rappellent avec effroi que la violence conjugale peut devenir une question de vie ou de mort. Aucun appel à l’aide ne peut rester sans réponse. Aucun effort ne doit être écarté pour prévenir les situations à haut niveau de risque, ni même pour sensibiliser les acteurs de terrain et investir dans l’éducation des plus jeunes. Cette lutte ne prend pas de répit, et nécessite des moyens financiers adéquats pour n’échapper personne et tendre vers un modèle de société qui refuse résolument la violence conjugale.
Dans la foulée de plusieurs avancées notoires en matière de justice, les maisons sont largement sollicitées pour soutenir les acteurs sociojudiciaires dans leurs efforts de lutte contre la violence conjugale. Implantation du Tribunal spécialisé, formation des divers professionnel.le.s qui y seront impliqués, obligation des employeurs à protéger les victimes, ajoutée à la Loi sur la santé et la sécurité au travail, travaux pour développer l’expertise en violence conjugale en matière de protection de la jeunesse : l’expertise des travailleuses des maisons s’avère indispensable pour accompagner ce virage historique que prend le Québec.
Or, les ressources actuelles allouées aux maisons ne permettent pas d’accueillir toutes les femmes qui en font la demande. Les interventions d’urgence – plus nombreuses face à une violence plus fréquente et plus grave – doivent souvent être priorisées au détriment de la mission de transformation sociale des maisons. À cela s’ajoutent évidemment les défis liés aux vagues de contamination et à la pénurie de personnel, qui complexifient davantage l’organisation des services devant être maintenus 24/7.
Parallèlement, les femmes victimes de violence conjugale sont confrontées à un manque criant d’options pour se loger, ce qui en force plusieurs à renoncer à quitter la violence. Nous enjoignons le gouvernement de répondre favorablement aux revendications du FRAPRU en matière de logement social et à celles de l’Alliance des maisons d’hébergement de 2e étape pour développer un réseau suffisant de maisons de 2eétape. Véritable filet social trop longtemps négligé, le milieu communautaire dans son ensemble doit également faire l’objet d’un financement adéquat pour garantir à toutes et tous des conditions de vie dignes et saines.
« Si l’amour nous permettra de passer à travers cette pandémie – selon le souhait énergique de Louise Latraverse –, force est d’admettre que l’argent et les services aussi. Surtout pour celles chez qui l’amour s’est transformé en cauchemar. » conclut Chantal Arseneault.
Pour lire le mémoire du Regroupement : https://bit.ly/Budget2022-RMFVVC
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Information et demandes d’entrevue :
Fanny Guérin, responsable des communications et des relations de presse
Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale
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À propos du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale
Le Regroupement rassemble actuellement 44 maisons d’aide et d’hébergement réparties dans 16 régions administratives, soit le plus grand réseau de ressources spécialisées en violence conjugale au Québec. De par sa mission d’éducation, de sensibilisation et d’action, il contribue à faire évoluer les lois et les politiques afin de rendre plus adéquates les mesures de protection pour les femmes et enfants victimes de violence conjugale. Dans une perspective de prévention, il déploie un éventail de stratégies pour aider tous les acteurs de la société québécoise à mieux comprendre, dépister et agir en matière de violence conjugale.