par une femme anonyme de passage à L’Ombre-elle

J’ai rêvé que j’avais dormi toute ma nuit sans sursauts, sans panique ni cauchemars. Où est passée la chaleur de ses bras autour de mon corps quand il disait que je serais à l’abri avec lui à mes côtés?

Disparus à jamais mes doux matins, évanouis dans cette violence insensée. Mes réveils sont empreints de chagrins, d’inconnu. Il a l’habitude de me bousculer durant mon sommeil, la nuit lorsqu’il rentre ivre-mort. Ses cris et ses insultes résonnent encore dans ma tête quand je m’assoupis. Les reproches qui frappent comme des coups me paralysent sur place.

J’ai rêvé d’un grand dîner de famille. De bons plats, sourires et flambées d’amour autour de la table. Mes souvenirs deviennent flous et lointains. Ma famille, mes amies, des images qui s’endorment au fond de moi. Ils me manquent cruellement! Je les appelle en silence pour ne pas le brusquer.

Par ses manigances, ses menaces et ses mensonges, il m’a isolée de mon monde pour m’enfermer dans le sien. Son monde … un désert sans nom. Un cœur sec, vide. Me garder prisonnière, jouer avec moi comme si j’étais une figurine d’un jeu de pièges et attrapes. À l’aide!

J’ai rêvé que je marchais, libre et sereine, dans les rues de ma vile. Visiter les boutiques, luncher sur une terrasse. J’en redemande encore de ces petits bonheurs à l’état pur. Que la vie est belle…

Sa jalousie et sa folie m’ont volé ma vie d’avant. Un salut, un sourire deviennent source de terreur et d’enfer. Son imagination malade part en vrille et m’empêche de respirer. Il me guette comme un aigle du haut de son nid. Aucun répit! Chacun de mes gestes est scruté avec une précision chirurgicale. Je dois m’évader de lui, de nous… question de survie, la mienne.

Je ne rêve plus, je vis mes rêves aujourd’hui. Je ne sais d’où m’est venue cette force qui m’a agrippée et entraînée loin de cette violence. J’ai plongé vers l’inconnu, sans but, sans attente, juste un besoin viscéral de me retrouver à l’air libre. J’ai fait confiance à mon instinct car rien ne pouvait être pire que ces mois d’enfer.

Incertaine et désorientée au début, j’ai retrouvé, peu à peu, mes repères. Ce fut de longues semaines, plongée comme dans un brouillard. J’avais du mal à différencier le vrai du faux.

J’avais tellement peur de vivre au grand jour. J’ai pu recevoir l’aide d’anges-gardiens qui m’ont reconstruite à force de patience, d’empathie et d’espoir. Je les garde dans mon cœur chaque seconde de ma vie. Je vis mon quotidien comme un trésor inestimable car un jour, il fera beau tous les jours.

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Un jour il fera beau


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