Montréal, 12 juin 2024 – La coroner Me Kronström vient de rendre public son rapport suite à l’enquête publique portant sur les meurtres de Mme Khellaf et de ses enfants, suivis du suicide du conjoint, survenus en 2019. Le Regroupement, qui s’est impliqué dans l’enquête à titre de partie intéressée, accueille favorablement toute recommandation qui vise à prévenir les décès en contexte de violence conjugale et plus généralement la violence conjugale dans son ensemble.
Former et référer
Le Regroupement salue les recommandations de la coroner en faveur de formations de perfectionnement pour les enquêteurs et pour l’ensemble des patrouilleurs, de même que l’ajout d’une section sur les enquêtes dans le Guide de pratiques policières. De plus, le développement d’équipes spécialisées en violence conjugale au sein des services de police a un impact majeur sur la prise en charge des victimes et des auteurs de violence conjugale. Le Regroupement appelle le gouvernement à pérenniser leur financement pour ne pas freiner la lutte contre la violence conjugale, qui connaît un élan sociétal inédit depuis les années 2020.
Au-delà de la formation des corps policiers ou des avocat.e.s, le Regroupement tient toutefois à rappeler que la clé pour prévenir ces décès réside dans la formation de tou.te.s les professionnel.le.s susceptibles de croiser le chemin d’une femme victime de violence conjugale, de ses enfants ou de l’auteur de cette violence. Les psychologues, les médecins – et plus globalement le milieu de la santé et des services sociaux -, le personnel de l’éducation et de la petite enfance, les milieux de travail : tous peuvent devenir des alliés de taille en identifiant les signes et en dirigeant les victimes vers les ressources spécialisées.
« Malgré la sidération qui suit chaque homicide en contexte de violence conjugale, l’assassinat d’une femme par un (ex)conjoint demeure l’un des meurtres les plus prévisibles. Il y a toujours des signes avant-coureurs, mais pour ça, il faut être capable de les identifier pour lever un drapeau rouge » souligne Cathy Allen, porte-parole du Regroupement.
Les cellules d’action concertée pour prévenir les homicides et les blessures graves liées à la violence conjugale ont démontré toute la pertinence d’avoir des professionnel.le.s formé.e.s à la problématique, quelle que soit leur provenance. Lorsqu’une situation à risque est identifiée, les partenaires locaux de ces cellules se mobilisent pour tisser un filet de sécurité autour de la personne concernée et de la famille. Ces rencontres d’urgence se sont multipliées dans les dernières années, permettant de protéger de nombreuses femmes et enfants, de même que des ex-conjoints, avant que le pire arrive. Le succès de ce modèle repose sur le fait que les personnes sont outillées pour reconnaître les manifestations de contrôle coercitif et les facteurs de risque.
Resserrer le filet pour ne laisser personne de côté
Le cas de la famille Khellaf-Yssaad met en lumière l’importance d’élargir le cercle des personnes à sensibiliser pour permettre à une femme, quels que soient ses ressources et son réseau, d’avoir un accompagnement approprié quant à la violence qu’elle subit. Les collègues de travail, les intervenant.e.s des programmes d’aide aux employés (PAE), les services de garde, les organismes d’accueil ou de défense de droit des personnes immigrantes peuvent devenir des maillons importants dans la détection du contrôle coercitif et la protection des femmes et des enfants victimes de violence conjugale.
La prévention auprès des jeunes doit également faire l’objet d’efforts concertés. Ainsi, il est essentiel que les enseignant.e.s soient supporté.e.s dans la dispensation du cours de “Culture et citoyenneté québécoise” qui abordera la violence dans les relations amoureuses. Les maisons d’aide et d’hébergement possèdent l’expertise et l’expérience pour soutenir les écoles à cet égard.
Les recommandations déposées par le Regroupement dans le cadre de l’enquête publique peuvent être consultées ici.
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