Montréal, le 22 novembre 2024 – Depuis février 2024, le Regroupement tente d’obtenir une rencontre avec le ministre responsable des services sociaux, Monsieur Lionel Carmant, pour lui faire part des problématiques grandissantes auxquelles font face les maisons d’aide et d’hébergement en violence conjugale. Notre réseau a recueilli plus de 160 lettres d’appui de partenaires aux quatre coins de la province qui soutiennent le Regroupement dans ses revendications de financement. Municipalités, écoles primaires et secondaires, milieux de travail, CEGEP, universités, tous soulignent le travail inestimable des maisons d’aide et d’hébergement, leur apport dans la communauté et la nécessité qu’elles disposent d’un financement adéquat.  

Malgré des rencontres avec des conseillères politiques, nos demandes répétées pour travailler avec le Ministre sur des solutions financières n’ont trouvé aucun écho depuis près de 10 mois. Après deux budgets consécutifs sans aucune bonification pour les maisons, les impacts se font sentir pour les femmes et les enfants qui ont besoin d’une aide immédiate, que ce soit en hébergement ou en services externes. Taux d’occupation moyen de 98% en 2023-2024, durée de séjour en augmentation, apparition de listes d’attente pour recevoir des services de consultation et d’accompagnement hors hébergement, manque de personnel, etc. Reconnues dans leur expertise pointue en matière de violence conjugale, les maisons sont également de plus en plus sollicitées dans les démarches judiciaires des femmes, dans les cellules d’action concertée pour prévenir les homicides et les blessures graves, mais aussi par des proches et des professionnel.le.s à la recherche de conseils.  

C’est sans parler du volet préventif de la mission des maisons qui pâtit grandement du débordement : plus du tiers de nos maisons membres ne parviennent plus à répondre aux demandes de sensibilisation provenant de leur communauté. Dans un contexte de montée en popularité des discours antiféministes, ce travail de prévention s’avère particulièrement nécessaire.  

« Les maisons sont sous pression de toutes parts. On compte plus d’un féminicide par mois au Québec en 2024. Si on ne parvient pas à répondre aux demandes d’aide, ce sont les femmes et leurs enfants qui en pâtissent. C’est intolérable » se désole Annick Brazeau, présidente du Regroupement.  

Les efforts combinés du gouvernement et de tous les acteurs engagés dans la lutte contre la violence conjugale portent fruit : les femmes demandent de l’aide en grand nombre. À titre d’exemple, SOS violence conjugale fait état d’une augmentation de +109% en 5 ans pour la demande d’hébergement et les demandes pour des services externes ont doublé en 4 ans dans notre réseau. Il est temps que ce même gouvernement ajuste les capacités de service des maisons.  

« Nous avons chiffré le manque à gagner à 55,4 millions de dollars pour l’ensemble des maisons. Il est impensable que le prochain budget du Québec fasse l’impasse sur les besoins urgents de notre réseau. Monsieur Carmant, nous avons besoin de vous. » conclut Louise Riendeau, co-responsable des dossiers politiques au Regroupement. 

 

Témoignage d’une femme sur liste d’attente dans une maison membre 

« Quitter un conjoint violent, c’est comme un saut de trapèze. On tient trop longtemps dans la relation, parfois, tellement longtemps qu’on a dû revenir en arrière, se redonner de l’élan et peut-être même recommencer plusieurs fois. Puis, un jour, on décide de sauter; « c’est ma chance, allez, c’est maintenant! ». On gonfle notre cœur de courage, puis on saute en retenant notre souffle. 

On se dit qu’il y a des ressources qui nous attendent en bas, pas forcément en maison d’hébergement mais des services à l’externe. On nous l’a répété, on nous a rassurées: « sautez, il y a un filet de sécurité pour vous attraper! » 

Les acrobates survivantes comptent sur ça pour amortir leur chute. Mais non, finalement on s’écrase dans une liste d’attente : le filet n’était pas disponible au moment où nous avons lâché le trapèze, il faut attendre. Pourtant, c’est là, plus que jamais qu’on a besoin de services pour nous aider à nous relever. On est en mille miettes, on se demande pourquoi on a sauté… Les services externes sont ce filet de sécurité essentiel et absolu qui change tout : les services doivent être immédiats et faciles d’accès. Sans ces services, beaucoup d’entre nous resteront écrasées au sol après notre chute pendant que d’autres acrobates retourneront faire du trapèze à leurs risques et périls… » 

 

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Mise à jour économique et budget 2025: les femmes victimes de violence conjugale ont besoin de vous Monsieur Carmant


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