Montréal, le 17 mars 2021
Le 11 mars dernier, le Groupe des Treize (G13)1 a rencontré la ministre responsable de la Condition féminine, Isabelle Charest, afin de lui faire part de ses préoccupations et de ses recommandations pour le budget 2021-2022 du Québec. Il ressort consterné de cette rencontre où la ministre a multiplié les appels à la patience des femmes. En effet, il apparaît qu’une réponse structurante du gouvernement pour mitiger les importants reculs des conditions de vie des femmes engendrés par la pandémie ne fera pas partie du prochain budget du Québec.
Considérant le manque de mesures d’envergure, la courte durée et le budget nettement insuffisant du « Plan d’action pour contrer les impacts sur les femmes en contexte de pandémie », dévoilé le 8 mars, le Groupe des Treize espérait que le gouvernement Legault use du levier que constitue le prochain budget du Québec pour déployer d’urgence des mesures structurantes en faveur de l’égalité pour toutes les femmes et un investissement à la hauteur des défis posés par cette crise sanitaire et économique sans précédent.
Lors de cette rencontre, la ministre a identifié la prochaine Stratégie gouvernementale pour l’égalité entre les femmes et les hommes comme la pierre angulaire d’une intervention à plus long terme sur les conséquences de la pandémie. Si le G13 salue cette volonté, il est d’avis que l’heure est grave. La prochaine Stratégie n’est pas attendue avant 2022 et il est impensable que les femmes soient reléguées dans une seconde phase de relance.
Les impacts de la Covid-19 sur les femmes sont énormes. Les regroupements et organisations féministes parlent d’un recul de plus de 30 ans des conditions de vie des femmes. La violence envers elles s’est exacerbée et nous pouvons en constater l’ampleur au quotidien; les féminicides augmentent, les femmes en situation de handicap se retrouvent sans soutien pour répondre à leurs besoins, les femmes LGBTQ2S+ sont laissées pour compte, les femmes migrantes à statut précaire restent isolées de peur de perdre le peu que le gouvernement leur propose, les femmes vivant de la prostitution / du travail du sexe sont ostracisées et violentées, sans compter la montée importante du racisme et de la violence envers les femmes autochtones et racisées. Ce sont les femmes qui maintiennent à bout de bras le tissu social et familial du Québec au péril de leur santé physique et mentale. Ces enjeux n’ont été que partiellement introduits dans le plan d’action. Force est de constater que la situation des femmes ne pourra s’améliorer sans des engagements gouvernementaux clairs, d’envergure et à plus long terme.
La population québécoise ne peut se contenter d’un énième budget focalisant sur les secteurs d’emploi où les hommes sont surreprésentés. La relance doit, dès maintenant, prévoir un investissement massif dans la santé et la sécurité des femmes, de même que garantir leur inclusion à la reprise économique. En outre, les actions gouvernementales visant la gestion de la pandémie et la relance doivent intégrer une véritable analyse différenciée selon les sexes et intersectionnelle (ADS+).
En reportant toute action significative à plus tard, le gouvernement Legault ratera non seulement son objectif de rebâtir un Québec post-COVID, mais il cristallisera le recul des conditions des femmes, et particulièrement de celles qui vivent à la croisée des oppressions. Les regroupements et organisations féministes du G13 sortent de cette rencontre plus convaincues que jamais de l’importance de leur rôle de défense des droits des femmes au Québec. Elles poursuivront sans relâche pour visibiliser les conditions vécues par les femmes et exiger une relance féministe et inclusive.
Les membres du G13
- Action santé femmes
- Alliance des maisons d’hébergement de 2e étape pour femmes et enfants victimes de violence conjugale (Alliance MH2)
- Centre de documentation sur l’éducation des adultes et la condition féminine
- Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle
- Conseil d’intervention pour l’accès des femmes au travail
- DAWN-RAFH Canada
- Fédération des associations de familles monoparentales et recomposées du Québec Fédération des femmes du Québec
- Fédération des maisons d’hébergement pour femmes
- Fédération du Québec pour le planning des naissances
- Femmes Autochtones du Québec
- L’R des centres de femmes du Québec
- Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale
- Regroupement Naissance-Respectées
- Regroupement québécois des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel
- Relais-femmes
- Réseau d’action pour l’égalité des femmes immigrées et racisées du Québec
- Réseau des lesbiennes du Québec- Femmes de la diversité sexuelle
- Réseau des Tables régionales de groupes de femmes du Québec
- Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes
1 Le Groupe des 13, créé il y a 35 ans, est une table de concertation qui réunit à présent plus de 20 groupes et regroupements provinciaux qui œuvrent à la défense des droits des femmes résidant au Québec, souvent parmi les plus vulnérables.
Renseignements: Pour informations et demandes d’entrevue : Gaelle Fedida – Alliance MH2 – 514.706.9939 – [email protected] (FR ou AN) ; Audrey Gosselin Pellerin – Réseau des Tables régionales de groupes de femmes du Québec (RTRGFQ) – 581.989.5913 – [email protected] (FR) ; Manon Monastesse – Fédération des maisons d’hébergement pour femmes (FMHF) – [email protected] – 514 224 3204 (FR ou AN) ; Mathilde Trou – Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale (RMFVVC) – [email protected] – 514 754-1057 (FR)