Montréal, le 6 avril 2022 – Après une année particulièrement meurtrière et sinistre pour les femmes victimes de violence conjugale, et après deux féminicides survenus la semaine passée, le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale souhaite souligner, malgré tout, les gains importants réalisés dans la dernière année.
Il y a tout juste un an, les Québécoises et Québécois avaient répondu massivement à l’appel à l’action d’Ingrid Falaise, de notre Regroupement, de l’Alliance des maisons d’hébergement de 2e étape, de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes et de L’R des centres de femmes.
« Le 2 avril 2021, nous étions nombreuses et nombreux à marcher, dans 22 villes du Québec, pour dénoncer les féminicides et réclamer davantage de ressources et d’action du gouvernement. Il n’était plus possible d’ignorer la violence conjugale, et nous avons senti émerger une mobilisation citoyenne, médiatique et gouvernementale » rappelle Chantal Arseneault, présidente du Regroupement.
À la suite du dépôt de deux rapports incontournables – celui du Comité d’experts sur l’accompagnement des victimes de violence conjugale et de violences sexuelles et celui du Comité d’examen des décès liés à la violence conjugale –, les annonces et les mesures gouvernementales se sont multipliées.
Parmi les avancées majeures, notons :
- l’injection de ressources financières importantes dans le réseau des maisons d’aide et d’hébergement
- le financement des concertations pour prévenir les décès liés à la violence conjugale (cellules d’intervention rapide) au Québec
- la création de la ligne Rebâtir pour de la consultation juridique gratuite
- l’augmentation du nombre de procureurs dédiés à la violence conjugale
- l’augmentation des effectifs dédiés à la violence conjugale dans les services policiers
- la mise en place du Tribunal spécialisé
- la réforme de la Loi sur la santé et la sécurité au travail qui prévoit une obligation pour les employeurs de prévenir la violence conjugale en milieu de travail
- le financement des cellules de crise partout au Québec
- l’implantation des bracelets antirapprochement
- le développement du réseau des maisons d’hébergement de 2e étape
« Nous saluons ce virage historique que nous devons à une volonté politique accrue, mais aussi aux citoyennes et citoyens qui se sont mobilisé.e.s derrière les groupes de défense des droits des femmes. La somme de toutes ces mesures structurelles a le potentiel de faire une différence concrète dans la vie des femmes victimes de violence conjugale » souligne Chantal Arseneault.
Malgré cela, les récents féminicides et infanticides nous rappellent qu’il ne faut jamais baisser la garde, et qu’il reste du chemin à parcourir pour garantir pleinement la sécurité des femmes victimes de violence conjugale et de leurs enfants.
« L’issue des réformes de la Loi sur la protection de la jeunesse et du Code civil demeure incertaine quant à la reconnaissance de la violence conjugale. Si elles échouent à mieux prendre en compte cette problématique, les femmes et leurs enfants seront les grandes perdantes » mentionne Louise Riendeau, coresponsable des dossiers politiques.
Plusieurs autres chantiers demandent encore de l’attention, tels que l’accès à du logement abordable, la reconnaissance du contrôle coercitif, la formation et la sensibilisation des différents milieux, etc.
La parole de survivantes pour redonner espoir
Un an après la marche du 2 avril, le Regroupement lance une vidéo de sensibilisation qui donne la parole à 6 survivantes de violence conjugale. Réalisée par Ève Lamont, cette vidéo poignante dresse un parallèle entre leur parcours personnel pour briser le cycle de la violence et la lutte collective contre ces formes de violence faite aux femmes, rappelant qu’il est possible de s’en sortir.
« À chaque nouveau féminicide annoncé dans les nouvelles, de nombreuses femmes se disent « ça aurait pu être moi ». Dans ce climat morose, auquel s’ajoute l’isolement lié à la pandémie, nous voulons leur montrer avec cette vidéo que la société est derrière elles. Que leur lutte personnelle fait écho à une lutte collective pour l’émancipation des femmes. Et que les deux se renforcent, s’alimentent, nous font progresser en tant que société » conclut Chantal Arseneault.
Pour visionner la vidéo : https://fb.watch/cduurDvVZO